Le gouvernement est inéquitable»
Vincent Guilbault
L'Œil Régional - 29 novembre 2008
Actualité > Éducation
Même si le droit à la syndicalisation a été redonné aux éducatrices qui tiennent une garderie à la maison, certaines d'entre elles pensent que la situation est encore loin d'être idéale. C'est le cas de Diane Pronovost et de son assistant, son conjoint Stéphane Barry, qui ont la garde quotidienne de neuf enfants. Ils se disent encore inquiets pour l'avenir de la profession, malgré cette victoire.
Rappelons que le gouvernement de Jean Charest avait adopté en 2003 les lois 6 et 7 qui retiraient le droit à la syndicalisation aux responsables de service de garde en milieu familial (RSG). La cour supérieure du Québec a jugé ces lois inconstitutionnelles le 31 octobre dernier.
Mme Pronovost tient sa garderie en milieu familial depuis huit ans. Son sous-sol est complètement transformé pour accueillir les enfants. Le couple reçoit comme salaire 7 $ de la part des parent par jour, part enfant, et le reste, soit 19 $, est assuré par le gouvernement.
«Nous adorons notre travail, laisse savoir le couple. Mais il faut améliorer la rémunération et les conditions de travail. Nous ne pourrons pas continuer comme ça bien longtemps.»
Inéquitable
La situation est inéquitable selon le couple. Une employée dans un centre de la petite enfance (CPE) reçoit un salaire variant entre 13 $ et 20 $ de l'heure, selon sa formation et son expérience.
«Avec toutes nos dépenses, nous nous retrouvons avec du 5 $ ou du 6 $ de l'heure, souligne M. Barry. Nous devons obligatoirement fournir chacun plus de 50 heures de notre temps par semaine. Nous devrions avoir droit à l'équité. Nous devrions avoir le même salaire que dans les CPE.»
En plus des 50 heures de travail par semaine, le couple n'est pas rémunéré pour les autres tâches comme la préparation des repas, la préparation des activités et le ménage. Des fonctions qui sont payées dans un CPE.
«Comment pouvons-nous offrir de la qualité avec moins d'argent? questionne M. Barry. Nous le faisons pour le moment, mais dans quatre ou cinq ans, à ce rythme, nous ne pourrons pas l'offrir. Certaines éducatrices n'ont pas de sécurité sociale, pas d'assurance ou de programme de pension. Beaucoup ont déjà laissé tomber et plusieurs pensent encore le faire. Elles s'en vont en CPE ou elles changent de domaine.»
Le couple se dit aussi las de toute la bureaucratie lourde qui se multiplie. «Avant, nous nous occupions des ententes de service avec les parents, dit Mme Pronovost. Maintenant, c'est le gouvernement. En plus du contrat, on doit faire signer aux parents des pages à n'en plus finir et une panoplie d'annexes. Par exemple, si tu charges la crème solaire aux parents, tu dois leur faire signer un autre contrat. Ça n'a pas de sens. Donc maintenant, je demande aux parents de fournir la crème solaire. Sinon, c'est trop compliqué, trop lourd. Et le bureau coordonnateur qui nous supervise est inondé de nos papiers. Nous devons même signer un contrat d'ici le 31 janvier pour nos vacances. Nous devons prévoir nos vacances un an à l'avance.»
Isolés
Une autre iniquité selon eux, c'est le manque de sécurité. «Nous ne sommes pas protégés, affirme M. Barry. En CPE, les filles le sont. S'il arrive quelque chose, on doit prouver qu'une éducatrice en CPE a été malveillante, mais pas nous. Nous devons nous procurer des assurances contre ces tracas. Si l'un de nous a un accident, nous devons continuer d'offrir le service. Alors tu engages quelqu'un payé plus cher, car lui, il a droit à la CSST et à des vacances.»
C'est pour cette raison que le couple suggère aux autres RSG de travailler ensemble au sein de l'Alliance des Intervenantes en milieu familial. «Nous avons droit à une protection juridique, à des taux préférentiels de groupe pour les assurances. Ça devient aussi plus facile pour les éducatrices de se regrouper.»
Le couple pense que le problème peut se régler, maintenant que le gouvernement a décidé de ne pas aller en appel du jugement de la cour supérieure. «Le système des garderies en milieu familial, c'est précieux, unique au monde, souligne M. Barry. Mais si le gouvernement ne met pas le financement et l'encouragement nécessaire, on va le perdre. Le potentiel pour l'amélioration est là, il faut seulement le saisir.»
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