Les garderies privées appuient le projet de Loi 124
Denis Courchesne
DELSON - Les garderies privées sont sorties de leur mutisme pour appuyer le projet de Loi 124.
Depuis une semaine, l'Association des garderies privées du Québec donne la réplique aux CPE en réitérant son appui au projet de Loi 124 pour réformer le réseau de garderies publiques.
"L'AGPQ est convaincue que les objectifs d'équité, de qualité, d'accessibilité et de flexibilité visés par le projet de loi peuvent être aisément atteints, pour peu que l'Association des centres de la petite enfance du Québec cesse sa campagne de peur et de désobéissance civile pour se joindre à tous les autres acteurs du réseau", affirme l'association par voie de communiqué.
Selon l'AGPQ, la qualité n'appartient pas qu'aux CPE. "Le gouvernement entreprend des correctifs importants et nécessaires dans la gestion des services éducatifs en milieu familial pour assurer aux éducatrices un niveau de soutien égal et adapté à leur besoin peu importe la région où elles habitent", soutien le document de presse.
L'association poursuit en affirmant que la limitation du nombre de bureaux coordonnateurs à 130 (organismes voués à remplacer les divers CPE d'une région en un seul lieu de gestion centralisé), libérera des fonds publics. Ceux-ci "pourront enfin être injectés dans les services directs aux enfants et permettront de rehausser le niveau de qualité et d'accessibilité de ces services", clame l'AGPQ.
À Sainte-Catherine, Mireille Huneault et Daniel St-Pierre, les propriétaires et directeurs de la garderie privée Les bouts de papier, appuient le projet de loi. Grosso modo, ils dénoncent la prépondérance des CPE dans le système actuel. La nouvelle loi "traite sur un même pied d'égalité les trois catégories de service de garde que les parents peuvent choisir pour leurs enfants : les garderies privées, les centres de la petite enfance et la garde en milieu familial", affirment-ils dans un document remis à la presse.
L'AGPQ dénonce aussi les CPE qui, selon elle, forcent certaines éducatrices en milieu familial à les appuyer. "Imaginez-vous contredire la personne qui a tous les pouvoirs sur votre permis? Nous avons des éducatrices qui disent être mal perçues si elles ne manifestent pas contre le projet de loi", spécifie le communiqué.
Renée Latulippe, directrice adjointe au CPE Kateri, réfute cet argument. "Tout le monde a le droit de signer ou pas notre pétition. Si jamais quelqu'un se sent coincé par un CPE, le réseau actuel lui permet de changer et de s'affilier a un autre centre. En aucun temps, on peut convoquer un permis pour cette raison, explique-t-elle. Avec un bureau coordonnateur par région, comme le prévoit la loi, ça serait pire, car la personne n'aurait aucun autre endroit de rechange."
Une rencontre avec la ministre
Grâce aux efforts du député Jean Dubuc, les directrices des CPE de la région ont rencontré comme convenu la ministre de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine Carole Théberge, le 1er décembre.
"Elle (la ministre) a pris le temps de répondre à nos questions, mais nous n'avons pas eu les réponses souhaitées", raconte Mme Latulippe.
Mme Théberge a toutefois confirmé qu'elle amenderait la Loi 124 pour que les CPE soient les titulaires des bureaux coordonnateurs. Sans cela, les individus, les organismes ou les entreprises auraient pu en demander la gestion.
Or, "en terme monétaire, la ministre ne prévoit pas injecter de nouvel argent dans le système pour assurer la transition ou permettre la construction d'infrastructures de gestion", analyse Mme Latulippe. En d'autres termes, les bureaux coordonnateurs seront à même les locaux existants.
En plus, les employés actuels risquent de perdre tous leurs avantages sociaux. "Dans les faits, tous vont être mis à pied pour être réembauchés par le bureau coordonnateur. Le nouvel employeur n'est pas tenu d'offrir les mêmes salaires et les mêmes avantages", dit-elle.
Le gouvernement va aussi économiser en réduisant le nombre de postes de direction. "Au bureau coordonnateur, il n'y aura qu'un directeur. Ceux qui l'étaient dans les CPE auront d'autres titres moins bien payés", révèle Mme Latulippe.
Le nouvel objectif des CPE est d'obtenir l'ouverture de plusieurs centres de gestion par région. "Nous visons trois bureaux coordonnateurs dans notre milieu au lieu d'un seul", dit Mme Latulippe.
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