http://www.tqs.ca/infos/2005/11/N112839AU.htmlCPE: Les garderies privées exhortent la ministre Théberge à garder le cap
à 18h35 HAE, le 28 novembre 2005.
QUEBEC (PC) - Malgré l'annonce, vendredi dernier, d'amendements à son projet de loi 124 sur les Centres de la petite enfance (CPE), la ministre de la Famille, Carole Théberge, continue de faire des mécontents, tant parmi les détracteurs que chez ceux qui approuvent son initiative.
Dans le réseau des garderies privées, qui font partie de ces derniers, on craint que la ministre ne soit en train de battre en retraite, et cède aux pressions, de plus en plus fortes, en provenance de l'Association québécoise des CPE (AQCPE) et de l'opposition péquiste.
Mais la ministre, se voulant rassurante, a indiqué lundi qu'elle ne céderait pas au "chantage" exercé par l'AQCPE.
"Il faut maintenir le cap!", a soutenu lundi le président de l'Association des garderies privées, Sylvain Lévesque, lors d'un entretien téléphonique à La Presse Canadienne.
M. Lévesque n'en revient pas de voir la tangente prise par le débat autour de la réforme administrative du réseau des garderies défendue par la ministre Théberge.
"C'est devenu une guerre de la gauche contre la droite. C'est devenu un débat politique. C'est devenu une guerre de structures et d'argent. Je trouve ça aberrant", a-t-il dit, en exhortant la ministre à ne pas céder un pouce aux groupes de pression.
L'Association des garderies privées doit rencontrer la ministre Théberge mardi pour faire valoir son point de vue. M. Lévesque se dit d'ailleurs prêt à mobiliser le réseau privé afin de convaincre le gouvernement d'adopter tel quel le projet de loi.
"On laissera pas ça faire, parce que c'est une minorité qui est en train de s'exprimer pour une majorité, a-t-il ajouté. C'est vraiment devenu une guerre de pouvoir."
Lundi, c'était au tour de l'Association québécoise des CPE de défiler au bureau de la ministre, au lendemain du grand rassemblement organisé à Montréal, qui a réuni plusieurs milliers de personnes contre le projet de loi.
Le directeur général de l'association, Jean Robitaille, "très déçu" de sa rencontre, a rappelé qu'il s'opposait farouchement au "démembrement" des CPE, consacré par la création des 130 bureaux coordonnateurs chargés de prendre le relais des 884 CPE pour assurer la gestion des garderies familiales.
"Les bureaux coordonnateurs, je ne sais pas où on s'en va avec ça, mais ce sont un scénario qui nous apparaît catastrophe, qui mène le réseau vers le chaos", a-t-il dit, lors d'un point de presse, après la rencontre.
La ministre Théberge a réagi à ses propos en dénonçant le "chantage" dont elle faisait l'objet.
"Je n'accepterai pas le chantage", a-t-elle dit, en affirmant qu'elle ne confierait pas "un chèque en blanc d'un milliard et demi d'argent des contribuables sans poser de questions".
Il n'est donc pas question, a-t-elle rappelé une fois de plus, de retirer du projet de loi les articles 38 à 49, qui touchent la création des bureaux coordonnateurs.
Avec ces bureaux, Québec vise à regrouper la gestion des garderies familiales, à la rendre plus efficace et moins coûteuse.
Le président de l'Association des garderies privées s'insurge quand il voit des opposants brandir la menace de la "commercialisation" des services de garde, inscrite selon eux dans le projet de loi actuel.
"Je m'excuse, mais on me traite de garderie commerciale aujourd'hui dans les médias, alors que moi, je gagne 45 000 $ par année, alors qu'une directrice de CPE s'en payait 100 000 $", réplique-t-il.
Quant à elle, la ministre Théberge avait indiqué vendredi qu'elle verrait à reformuler certains articles controversés du projet de loi qui prêtent à interprétation à ce propos, de manière à exclure des bureaux coordonnateurs les organismes à but lucratif. Elle a soutenu n'avoir jamais eu l'intention d'ouvrir la porte aux chaînes de garderies.
Les garderies privées ne s'offusquent pas d'être ainsi exclues du milieu familial, car elles sont surtout présentes dans la région de Montréal et Québec, alors que les garderies familiales le sont davantage en régions.
"Si la ministre cède sur certains points", les CPE vont par la suite exiger le statu quo, selon M. Lévesque.
De son côté, le porte-parole de l'opposition, Camil Bouchard, a rappelé, par voie de communiqué, que l'opposition n'approuverait pas le projet de loi, à moins que la ministre ne le modifie en profondeur et renonce à son idée de confier la gestion des garderies familiales à des bureaux coordonnateurs plutôt qu'aux CPE.