MONTREAL - Les travailleuses en service de garde n'ont pu obtenir l'engagement des libéraux qu'elles souhaitaient.
Une centaine de représentantes des responsables de service de garde (RSG) en milieu familial ont manifesté, samedi, à Montréal, pour demander au gouvernement sortant de renoncer à en appeler du récent jugement de la Cour supérieure invalidant la loi 8, qui interdit la syndicalisation des travailleuses en service de garde en milieu familial.
Des représentantes ont rencontré la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, qui a assuré aux manifestantes qu'elle transmettrait leurs préoccupations à ses collègues du gouvernement sortant.
"Les représentantes m'ont exposé la situation, mais vous comprenez que le jugement est présentement à l'étude au bureau du Procureur général, s'est-elle contentée d'affirmer, à sa sortie de la rencontre dans son bureau de circonscription de Montréal, avant de quitter les lieux. Il y a un délai pour prendre la décision d'aller en appel et je peux vous assurer que j'ai bien pris connaissance de vos préoccupations et que je vais les transmettre à mes collègues."
La vice-présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, a quant à elle rejeté les explications de la ministre, affirmant que le jugement ne comptait que 100 pages.
"Ce n'est pas très long 100 pages, ce n'est pas très long de voir qu'il y a trois droits fondamentaux qui ont été bafoués", a-t-elle déploré.
Mme Chabot a souligné que la loi brimait les droits à la syndicalisation, à la négociation et à l'égalité des femmes.
"Il y a des valeurs importantes dans notre société d'égalité, d'équité, et je pense que ces droits-là ne peuvent pas être bafoués, a-t-elle lancé aux manifestantes. On a demandé à la ministre d'influencer son parti pour avoir une annonce très rapidement selon laquelle il va renoncer à aller en appel et vous rétablir tous vos droits."
Mme Chabot s'est également engagée à ne pas abandonner les revendications des RSG jusqu'à ce que le gouvernement reconnaisse les travailleuses en service de garde à leur juste valeur.
Outre le droit à la syndicalisation, les manifestantes réunies au bureau de Mme St-Pierre ont déploré avoir perdu leur statut de salarié, ce qui les prive du même coup de l'équité salariale, du retrait préventif et de la Loi sur la santé et la sécurité au travail.
Une manifestante, Christina Haddad, a d'ailleurs interpellé Mme St-Pierre en déplorant qu'elle a dû continuer à travailler même atteinte d'un cancer du sein, pour ne pas perdre la garderie qu'elle dirige depuis maintenant 27 ans.
La ministre lui a répété qu'elle transmettrait les préoccupations à ses collègues.
Depuis le jugement du tribunal, le 31 octobre, la CSQ a repris le processus de syndicalisation de la majorité des 20 000 travailleurs en service de garde et services sociaux du Québec, par le biais de l'Alliance des intervenantes en milieu familial (ADIM).